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Le Métro, la station Villiers
VUILLARD Édouard (1868 - 1940)
Dans le métro par simple hygiène
BRIDGE Joe (1886 - 1967)
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Titre : Le Métro, la station Villiers
Auteur : VUILLARD Édouard (1868 - 1940)
Date de création : 1916
Dimensions : Hauteur 88 cm - Largeur 219 cm
Technique et autres indications : peinture à la colle marouflée
Lieu de Conservation : Musée d'Orsay site web
Contact copyright : RMN-Grand Palais (musée d'Orsay) / Hervé LewandowskiLien vers l'image
Référence de l'image : 10-521132
Le Métro, la station Villiers
© RMN-Grand Palais (musée d'Orsay) / Hervé Lewandowski
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Titre : Dans le métro par simple hygiène
Auteur : BRIDGE Joe (1886 - 1967)
Date de création : Vers 1930
Dimensions : Hauteur 119 cm - Largeur 78 cm
Technique et autres indications : chromolithographie
Lieu de Conservation : MuCEM site web
Contact copyright : Droits réservés - Photo MuCEM, Dist. RMN-Grand Palais / image MuCEMLien vers l'image
Référence de l'image : 20-504001 / INV 999.27
Dans le métro par simple hygiène
© Droits réservés - Photo MuCEM, Dist. RMN-Grand Palais / image MuCEM
Date de publication : février 2020
Contexte historique
Le métro, emblème de Paris
Dès l’origine, le métropolitain de Paris inspire des artistes aussi divers que le Nabi Édouard Vuillard (1868-1940), qui peint l’intérieur d’une station, ou le dessinateur de presse Joe Bridge (1886-1967) qui situe une fameuse scène publicitaire dans un wagon bondé. Entre l’ouverture de la première ligne reliant la Porte de Vincennes à la Porte Maillot en juillet 1900, et 1921, le réseau s’est étoffé : les 10 lignes couvrent de nombreux quartiers parisiens et on s’apprête à les prolonger en proche banlieue. Certes, il a déjà dessiné l’intérieur d’un wagon en 1908, mais il s’intéresse peu aux transformations urbaines et à la société : cela fait plus d’une décennie qu’il ne réalise plus de panneaux décoratifs pour les hôtels particuliers ou n’illustre plus de programmes pour les théâtres.
Jean-Louis-Charles-Joseph Barrez, dit Joe Bridge, n’a pas fait les Beaux-Arts comme son aîné. Mais comme lui il refuse la voie tracée par sa famille (pour Vuillard, l’armée ; pour Barrez, les affaires) et, fort de son bagage culturel acquis au lycée Stanislas, il se lance dans le music-hall après son baccalauréat. Même la guerre n’interrompt pas cette vocation : blessé au front et détenu dans le même camp que son ami Maurice Chevalier, il monte avec lui un cabaret, tout en servant à l’infirmerie. C’est la marque de fabrique de ses premières réalisations publicitaires, avant même la création de son agence en 1922.
Analyse des images
Voyage au centre de Paris
La toile de grand format Le Métro, la station Villiers a probablement été réalisée par Vuillard dans son atelier à partir de croquis. Son format horizontal très allongé permet d’embrasser d’un coup les deux quais, les voies qui les séparent (particularité parisienne), la voûte, le tunnel et l’escalier qui permet la correspondance. Le peintre s’est placé en tête de quai pour observer la foule dense et indistincte qui attend le prochain train. Sur le quai d’en face, les panneaux publicitaires scandent l’espace dans la longueur et occupent toute la hauteur. La tonalité sombre associant le crayonné noir, les panneaux foncés et les teintes brunes des manteaux fait ressortir les éléments lumineux des ampoules au-dessus des quais et surtout l’ouverture vers le bas violemment éclairée. Les carreaux de faïence blanche qui habillent traditionnellement les murs et les rails métalliques reflètent ces éclats dans les tons jaunes et verts. Si les Impressionnistes qui peignaient volontiers en extérieur jouaient avec la lumière diffractée du soleil, Vuillard s’essaie sous terre à des effets obtenus avec la lumière électrique artificielle.
L’affiche publicitaire Dans le métro a été créée par Joe Bridge en association avec d’autres supports qui mettent en scène le personnage imaginaire Ugène, personnification du Parisien populaire. Le slogan est réparti entre le sommet et le bas de l’affiche, à la fois pour faciliter la lecture, faire ressortir la rime riche (hygiène, Ugène, odorigène) et composer un rythme facile à mémoriser. La signature en bas à gauche sert autant à identifier l’auteur qu’à diffuser ce pseudonyme pour en faire une marque. Le dessin n’est simple qu’en apparence. Tout d’abord, Bridge a décalé la perspective pour lui donner de la profondeur et multiplier les couvre-chefs : casquette, chapeau mou, képi, calot, melon, bibi, haut-de-forme même, témoignent du caractère démocratique de ce mode de transport où se côtoient ouvriers et bourgeois, réfractaires dépeignés et agents de la loi, hommes, femmes et enfants. Le premier plan livre deux scènes au public : à gauche, la confrontation entre un adolescent au regard ombrageux et un policier engoncé dans sa sévérité ; à droite, le héros Ugène observé par trois improbables voyageurs : un rupin stupéfait, une nounou tout sourire et un petit enfant avide. Leurs trois attitudes suggèrent les réactions que pourraient avoir les Parisiens voyant cet inhalateur de poche pour la première fois.
Interprétation
Le métro et la publicité
Depuis 1900, le métro parisien se distingue par une concentration de publicité unique à l’échelle de la ville. Les murs des couloirs, les quais et même les rames y accueillent de la réclame : l’espace est saturé d’annonces, alors qu’à la surface, malgré le mobilier urbain et les enseignes des magasins, les façades laissent une respiration au passant. Ce n’est donc pas un hasard si, de façon assez fine, Joe Bridge choisit cet environnement pour son affiche. D’une part, il situe son message à un niveau hygiéniste. Le métro est un lieu de promiscuité, mal aéré car souterrain, comme le montre bien le paysage totalement clos de Vuillard où l’unique ouverture est un puits de lumière artificielle qui entraîne le voyageur plus profond encore. Inhaler des essences ou des parfums peut signifier dresser une barrière olfactive agréable ou avoir une vertu thérapeutique – les inhalateurs ayant été conçus au départ pour les problèmes respiratoires aigus ou chroniques. Mais le personnage d’Ugène, avec son chapeau trop petit et rapiécé, son col relevé, sa toison hirsute et sa moustache non taillée, constitue un véritable pied-de-nez à la norme hygiéniste. En outre, on aurait attendu une femme d’un certain niveau social : le double décalage fait rire et participe du succès de la campagne. Celle-ci prend aussi la forme d’une vignette publicitaire en couleur (Ugène est roux) et d’une chanson populaire composée par Lucien de Gerlor, apparemment pour une revue donnée à la Boîte à Fursy. Les liens de Bridge avec le music-hall ont donc permis de multiplier les supports, et il se peut très bien que des spots ou la chanson soit passée à la radio à l’époque. À cinq années de distance, Vuillard et Bridge témoignent chacun à leur manière que le monde souterrain du métropolitain est l’un des visages de Paris. Ses dizaines de stations et ses millions de voyageurs forment à la fois d’éphémères groupes sociaux unis par un décor assez uniforme, et un public captif pour l’autre grande invention du XIXe siècle : la publicité.
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Bibliographie
Guy Cogeval, Édouard Vuillard, Paris, Réunion des musées nationaux, 2003.
Roger-Henri Guerrand, L'Aventure du métropolitain, Paris, La Découverte, 1999.
Marc Martin, Histoire de la publicité en France, Presses universitaires de Nanterre, 2012.
Pour citer cet article
Alexandre SUMPF, « Une nouvelle expérience urbaine »
Glossaire
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