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Crimes de la Commune : Assassinat des otages dans la prison de la Roquette.
APPERT Eugène (1831 - 1890)
Exécution de Rossel, Bourgeois, Ferré, dans la plaine de Satory à Versailles.
APPERT Eugène (1831 - 1890)
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Titre : Crimes de la Commune : Assassinat des otages dans la prison de la Roquette.
Auteur : APPERT Eugène (1831 - 1890)
Date de création : 1871
Date représentée : 24 mai 1871
Dimensions : Hauteur 22,1 - Largeur 26
Technique et autres indications : Appartenant à une série photographique : "Les crimes de la Commune".Photomontage
Lieu de Conservation : Musée de l'Histoire Vivante de Montreuil site web
Contact copyright : © Musée de l'histoire vivante de Montreuil - Cliché O. Fryszowski
Référence de l'image : 99 1103/01
Crimes de la Commune : Assassinat des otages dans la prison de la Roquette.
© Musée de l'histoire vivante de Montreuil - Cliché O. Fryszowski
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Titre : Exécution de Rossel, Bourgeois, Ferré, dans la plaine de Satory à Versailles.
Auteur : APPERT Eugène (1831 - 1890)
Date de création : 1871
Date représentée : 28 novembre 1871
Dimensions : Hauteur 10 - Largeur 15
Technique et autres indications : (28 novembre 1871).Photomontage
Lieu de Conservation : Musée d'Art et d'Histoire de Saint-Denis
Contact copyright : © Saint-Denis, musée d'art et d'histoire - Cliché I. Andréani
Référence de l'image : C 489
Exécution de Rossel, Bourgeois, Ferré, dans la plaine de Satory à Versailles.
© Saint-Denis, musée d'art et d'histoire - Cliché I. Andréani
Date de publication : mars 2016
Contexte historique
La politique des otages
Dès le 5 avril 1871, la Commune décide en un décret historique « que toutes personnes prévenues de complicité avec le gouvernement de Versailles […] seront les otages du peuple de Paris ». Elle précise en outre dans l’article 5 : « Toute exécution d’un prisonnier de guerre ou d’un partisan du gouvernement régulier de la Commune de Paris sera, sur-le-champ, suivie de l’exécution d’un nombre triple des otages retenus […] et qui seront désignés par le sort. » Ce décret suscite émotion et indignation dans le camp versaillais, de même que chez certains « observateurs » comme Victor Hugo dans son poème « Pas de représailles » (L’Année terrible, 1871). Dans les rangs communards mêmes, cette mesure est souvent désapprouvée, ainsi par Prosper-Olivier Lissagaray, l’un des premiers historiens de la Commune, qui l’évoque comme une « razzia de soutanes ».
Quelques jours plus tard, la Commune propose l’échange de Monseigneur Darboy, l’archevêque de Paris, contre le vieux révolutionnaire Auguste Blanqui retenu prisonnier à Versailles. Elle en change même les termes puisque, le 14 mai 1871, elle propose de libérer les soixante-quatorze otages qu’elle retenait à Paris contre la libération du seul Blanqui. Thiers refuse la proposition, tandis que son secrétaire Barthélemy Saint-Hilaire ajoute : « Les otages ! Les otages, tant pis pour eux ! » Et si Versailles reprend ses massacres de blessés et de prisonniers, la Commune n’applique d’abord pas son décret. Ce n’est qu’avec la « Semaine sanglante » que Théophile Ferré (1846-1871) signe finalement l’ordre d’exécution de six otages, qui sont passés par les armes le 24 mai dans une cour de la prison de la Roquette.
Analyse des images
Photomontages
Le 24 mai 1871, à la Roquette, Monseigneur Darboy, l’abbé Deguerry, trois jésuites et le président de la cour d’appel de Paris, Bonjean, sont exécutés par un peloton composé de fédérés volontaires. C’est cette scène de l’exécution des otages que le photographe Eugène Appert (1831 – vers 1890) a représentée dans un photomontage de sa série intitulée Les Crimes de la Commune. Réalisée dans les semaines qui suivent la fin des événements, cette série tente de combler le manque de photographies des événements les plus marquants de la Commune.
À des fins propagandistes, l’anticommunard Appert distribue les acteurs avec clarté, pour l’intelligibilité de la scène : au premier plan, tournant le dos au spectateur, le peloton des fédérés avec les armes en joue fait face aux six otages alignés le long du mur de la prison. Assurant la liaison entre les deux groupes, quatre hommes sont assemblés à gauche, parmi lesquels le personnage barbu n’est autre que Théophile Ferré.
Ce même Théophile Ferré est présent dans l’autre photomontage d’Appert, issu de la même série, Exécution de Rossel, Bourgeois, Ferré. Devant ses juges du 3e conseil de guerre, Ferré assuma la pleine responsabilité de l’exécution des otages : pour cette mesure et pour son rôle très actif au sein de la Commune, il fut condamné à mort. Organisée conjointement avec celles de Rossel et Bourgeois, son exécution eut lieu au petit matin, au camp militaire de Satory, le 28 novembre 1871, devant cinq mille hommes de troupe et quelques curieux.
Dans ces deux photomontages conçus comme des reconstitutions, on remarque la similitude exacte des dispositifs à l’œuvre. Les mêmes groupes y sont présentés et disposés, opposant les pelotons et les condamnés. Un seul élément diffère d’une image à l’autre : le bourreau des otages est devenu la victime d’un peloton de l’armée dite « régulière ». À dessein, Appert inverse les rôles et oriente différemment les scènes. Dans l’exécution à Satory, il permet au spectateur de se positionner entre le peloton et les condamnés, sensiblement à l’emplacement intermédiaire occupé par Ferré dans la scène de la Roquette. Peut-être faut-il y voir – puisqu’il s’agit de photomontages – une démonstration de sa perception de la légitimité populaire de la justice versaillaise, corrigeant et punissant ceux qu’elle considère comme des usurpateurs et des imposteurs ?
Interprétation
L’expiation des crimes
Ces deux photomontages, qui cherchent à imiter l’enregistrement photographique de scènes réelles, appartiennent à une série d’images où la Commune est réduite à un règne de la violence en proie à l’escalade. Par le succès commercial de cette série abondamment diffusée, le photographe Eugène Appert a ainsi participé à l’entreprise collective d’expiation des crimes de la Commune – l’assassinat des généraux Clément Thomas et Jules Lecomte, l’assassinat de Gustave Chaudey, le massacre des dominicains d’Arcueil, l’assassinat des soixante-deux otages, rue Haxo… – qui motiva par exemple la construction de la basilique du Sacré-Cœur déclarée en 1873 d’utilité publique.
Ces pseudo-photographies furent strictement celles de la mémoire versaillaise de la guerre civile, alors que les images contemporaines d’édifices en ruine et de communards arrêtés qu’a portraiturés Appert servirent d’épouvantail aux vainqueurs et d’icônes aux vaincus.
- communards
- Commune de Paris
- exécution
- propagande
- répression versaillaise
- Semaine sanglante
Bibliographie
Bernard NOËL, Dictionnaire de la Commune, [1971], 2 vol., Paris, Flammarion, coll. « Champs », 1978.
Pour citer cet article
Bertrand TILLIER, « Les otages de la Commune de Paris »